Véronique Vienne


The Self-Taught Design Critic. [...]

Véronique Vienne was a magazine art director in the USA when she began to write to better analyze and understand the work of the graphic designers, illustrators and photographers who collaborated with her.

Today she writes books and conducts workshops on design criticism as a creative tool.

 

Voir, regarder, apprécier : tout un programme. [...]

Véronique Vienne a été directrice artistique aux USA avant de commencer a écrire pour mieux comprendre ce que faisaient les graphistes, illustrateurs et photographes avec qui elle collaborait.

Aujourd’hui elle écrit des livres et anime des sessions de travail sur la critique du design graphique comme outil de création.


Graphisme
d'aujourd'hui, patrimoine de demain

Centre national des arts plastiques, 2010


Grand théoricien de la conservation du patrimoine, Cesare Brandi avait identifié deux moments clés pour comprendre ce qu’est une œuvre d’art : le moment de sa création et celui de sa perception.

Pour lui, les édifices, les peintures
et les sculptures ne sont jamais achevés car ils poursuivent leur existence dans notre imaginaire qui les réinterprête selon les goûts et critères du moment. Ce qu’il appelait « la matière», l’objet lui-même, n’était que le support d’une « image » destinée, elle, à se perpétuer dans la conscience des gens.

Aujourd’hui, les productions les plus éphémères d’apparence, telles affiches, brochures, expositions temporaires et créations numériques, sont aussi inscrites dans la durée — celle de notre mémoire collective.

Faut-il en préserver des traces pour qu’elles puissent continuer à exister dans leurs deux vérités, celle de la création et celle de la perception? Interrogés sur la question de la pérennité de leur travail, les graphistes ont eu du mal à se prononcer.

Pour certains, tenter de concilier fugacité et conservation va à l’encontre de la nature même de leurs créations — c’est presque un acte de fétichisation. Pour d’autres, au contraire, inscrire dans la durée des exemples de leur travail est la meilleure manière de préserver le reflet de leur époque.

Les graphistes se projettent-ils dans l’avenir ? Le regard qu’ils portent sur leur travail est-il compatible avec un soucis de pérennité ? Bien que divergentes, leurs réponses ont permis de dégager quelques grandes lignes de réflexion pour commencer à définir une stratégie de conservation des créations graphiques en France.

1- Graphisme et mémoire collective

Celui qu’on a longtemps appelé « l’homme de la rue » est aujourd’hui le plus souvent assis devant un ordinateur ou debout dans le métro, les yeux rivés sur son portable. Néanmoins, ce personnage mythique reste, pour le graphiste français, la plus haute autorité lorsqu’il s’agit d’évaluer son travail.

Ce quidam perspicace, existe-t-il toujours ? On l’avait découvert grâce aux affiches de Savignac pour Monsavon, Cinzano et Bic de la même manière qu’on avait découvert  les ouvriers russes dans les photographies de Rodchenko, trente ans plus tôt. Lui qu’on imaginait flânant le nez en l’air dans la ville, n’est aujourd’hui plus qu’une cible mouvante pour les études de marché. Pourtant, les graphistes s’y réfèrent encore. Si leurs créations graphiques pouvaient elles aussi s’inscrire dans la durée, disent-ils, ils aimeraient les consigner non seulement dans la tête d’un historien d’art ou d’un conservateur de musée, mais aussi, et surtout, dans celle de ce « Monsieur Tout-le-monde » qui ne prétend être ni expert, ni savant. 

Le graphisme, ça se regarde dans la ville. On risque de le figer quand on le met dans un musée. J’aurais envie qu’on conserve des problématiques de graphisme, pas le graphisme lui-même. (Marie Bruneau)

Le symbole de Beaubourg, avec les escaliers de Widmer, n’appartient pas au Centre Pompidou mais au public, à nous tous. Ce logo fait partie de notre patrimoine graphique. (Dirk Behage)

Il y a une forme de durée qui est très intéressante. C’est la durée qui s’inscrit dans la tête des gens, et qui crée un sentiment d’appartenance. (Jean-Louis Fréchin)

Quel public toucherez-vous dans la société de demain?  

Une des principales préoccupations des graphistes aujourd’hui est de tenter d’imaginer ce que va devenir « l’homme de la rue » dans cet univers en constante évolution. Comment l’accompagner dans son nouveau mode de vie et communiquer avec lui ?

Je voudrais laisser une trace qui sera représentative non seulement du discours de notre époque, de ce qu’il est, mais aussi de ce que je pense que ce discours devrait être. (Loran Stosskopf)

Il y a le public que l’on a, et le public que l’on gagne. Je ne travaille pas pour les 300 personnes qui viennent à tous les coups voir les pièces de théâtre, mais pour les autres. (Michel Lepetitdidier)

On a besoin de gens, comme les graphistes, qui tracent là où la route devrait passer. Même si le tracé n’est pas toujours respecté. (Peter Knapp)

Comment le regard des historiens, critiques d’art et directeurs de musée vous influence-t-il?

Pour Cesare Brandi, l’individu qui éprouve « l’illumination » de l’œuvre d’art découvre en même temps l’obligation de transmettre cet objet aux autres. Pour bien des experts, conserver certaines créations graphiques est presque un devoir, mais nombre de graphistes semblent redouter plus que tout l’institutionnalisation de leur pratique. Pour éviter la sclérose que pourrait générer une «glorification» de leur discipline, certains se défendent d’être des artistes.

Il nous arrive de vendre des choses. Un poster ici et là. Nous avons eu la chance d’avoir une exposition au Musée des Arts Décoratifs. Mais ça ne change rien au fait que notre travail n’est pas conçu pour être accroché sur les murs des galeries ou des musées. (Manuel Warosz)

Ce qui me dérange c’est le mot « œuvre » appliqué au graphisme. Une « œuvre » c’est quelque chose qui apparaît quand tu as fait une somme de travail, alors que ce que je valorise, c’est la réponse immédiate, telle qu’elle est perçue dans son contexte social et urbain. (Pierre Bernard)

Aujourd’hui, le défi majeur pour les graphistes, ce n’est pas de faire un travail artistique, mais de faciliter l’accès à l’internet — pour qu’on puisse mieux vivre la ville numérique. (Jean-Louis Fréchin)

Conférer les honneurs de la cimaise à une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, n’est pas sans conséquence. C’est toujours une forme d’agression, aussi bienveillante soit-elle. « Accrocher un tableau sur un mur, lui enlever son cadre ou lui en mettre un; enlever ou mettre un piédestal, pour une statue, la déplacer ou créer un nouvel emplacement ; ouvrir une esplanade ou une place pour un édifice, voir le démonter et le remonter ailleurs : ces opérations sont autant d’actes de restauration, » écrivait  Brandi.

Heureusement, nombreux sont les graphistes qui, sans fausse modestie, reconnaissent vouloir faire vivre leur travail dans la mémoire collective.

Je pense que nous,  les graphistes,  on veut tous inscrire notre travail dans la durée. Ce n’est pas la reconnaissance individuelle à long terme qui nous intéresse. Nous avons tous envie de faire des choses qui auront un impact sur la culture visuelle de ceux qui viendrons après nous. (Loran Stosskopf)

2- Le graphisme dans l'actualité du moment

Les créations graphiques aujourd’hui se veulent contextuelles, immédiates, interactives, voir même performatives. 

J’essaie toujours de faire des choses qui fonctionnent d’abord avec mon époque. Dans une actualité. (Michel Lepetitdidier)

On est des généralistes spécialisés dans le design du moment présent. (Erik Adigard)

Il y a une sorte d’adrénaline à l’idée qu’on va montrer ce qu’on sait faire. On va donner à voir. On va alimenter le regard des gens. On va créer l’événement. (Philippe Apeloig)

Mais être « dans » l’actualité, pour le graphiste, peut signifier qu’il est sur le point d’être démodé. Une des particularités du psychisme français est de considérer que l’euphorie du moment présent est un signe avant-coureur d’un essoufflement qui ne saurait tarder. Comble d’absurdité, une notoriété passagère peut freiner une carrière au lieu de la dynamiser.

Les articles dans la presse n’apportent jamais de commandes. Les gens tout d’un coup vous croient trop célèbre et trop cher. Ça arrête pratiquement toutes les commandes. Le premier qui me l’a faire remarquer, c’est Jean Widmer. Roman Cieslewicz aussi. (Peter Knapp)

Après notre rétrospective l’année dernière au musée des Arts Décoratifs. Il n’y a eu aucune retombée, pas un seul galeriste parisien ne nous a proposé une expo. Et quand, finalement, nous avons décroché une exhibition en Chine, personne en France ne nous a aidé, aucune institution, pas même le consulat. (Manuel Warosz)

Les graphistes qui ont à leur actif des « classiques » ne s’en vantent pas. « Indémodable » peut être synonyme de has been. C’est pourquoi ils ne proclament pas leur désir de pérennité.

Mon affiche « Chicago », qui a maintenant 25 ans, est hors du temps. Mais le jour où je l’ai faite, je ne me suis pas dit que j’allais faire une œuvre pérenne. J’étais jeune, je ne me projetais pas dans l’avenir. (Philippe Apeloig)

Quand j’étais à ELLE dans les années 60, je me disais que j’avais de la chance. Je ne savais pas que j’étais entré dans l’histoire. Puis la télévision est arrivée et mon grand moment a passé. (Peter Knapp)

J’ai toujours insisté sur le fait que je veux m’inscrire dans une certaine vision, qui est une vision qui a plus à voir avec l’éthique qu’avec le graphisme. Je m’appelle « designer » et non pas « graphiste » parce que c’est toute la méthodologie du design, née du modernisme, qui m’intéresse. Pour être dans la durée, j’ai toujours essayé de faire autre chose que du graphisme. (Rudi Meyer)

On peut archiver une création graphique, mais peut-on restituer le contexte qui fut sa raison d’être ?

Certains graphistes arrivent à concilier, en théorie du moins, actualité et pérennité. Bien qu’ancré dans l’immédiateté du moment, leur travail, disent-ils, fait partie d’un processus dont chacune de leurs créations est un maillon.

Pour ma part, je pense qu'irrémédiablement, dans le domaine du design graphique, le court terme construit le long terme. Je dirai que le court terme est au long terme ce que chaque acte littéraire, plastique, musical, scientifique, technologique ou poétique, est à la Culture : un actif constitutif de l'ensemble. (Pierre Bernard)

La qualité d’un travail détermine sa durée. Plus il est abouti, moins il est à la merci des aléas et changements de régimes. Mais la qualité, c’est un combat de tous les jours. Il faut être vigilant à tous moments. (Dirk Behage)

Pour nous, publier le magazine Ink est l’expression d’un désir d’archiver un moment précis dans notre réflexion. Avouons-le, c’est une manière de créer une bibliothèque de textes que l’on peut lire et relire. (Patrick Lallemand)

Répondre à une commande, être pertinent, oui, c’est une priorité. Mais c’est vrai qu’on archive des traces des étapes de notre processus de création. C’est assez sentimental. En même temps ça désacralise l’objet graphique, ça le rend plus humain. (Pierre Delmas Bouly)

Le public aujourd’hui aime voir le processus autant que l’oeuvre elle-même. L’évolution d’un projet dans sa durée lui semble tout aussi intéressante, sinon plus, que son résultat final. Pour ce nouveau public, une œuvre ponctuelle est le témoignage d’un long processus. (Karin van der Heiden)

Vos productions numériques ont-elles moins de valeur parce qu’elles sont condamnées à rester virtuelles ?

L’éphémère cependant est en train de changer de statut. L’ère numérique a transformé ce qui jusqu'alors pouvait être perçu comme un défaut en une qualité.

En fait, l’impermanence dans le numérique m’intéresse. Le fait que les choses ne sont jamais terminées. Elles peuvent même disparaître, ce n’est pas si grave. (Erik Adigard)

Une des choses que je propose c’est de faire des sites web qui s’effacent. Donc ça leur donne de la valeur. (Etienne Mineur)

Aujourd’hui, il faut vraiment s’investir dans le numérique. Oui c’est dur. Oui c’est compliqué. Oui personne n’y comprend rien. Mais il faut y aller. Sinon, dans quelques années, il n’y aura plus que vingt graphistes en France qui feront les musées — et pas un de plus. (Jean-Louis Fréchin)

Le temporaire, le fugace et le précaire dérangent de moins en moins de graphistes. L’idée de l’éphémère est devenue une réalité — la vision à long terme une chimère. Les logiciels évoluent sans arrêt, et sont périmés tous les cinq ans.  « Ne conserver pas tout ce que vous faites sur des disques ou sur le net, conseille Karin van der Heiden, une spécialiste de la conservation des archives numériques. Faites des archives sur papier. Les marchands de technologie ont tout intérêt à rendre leurs produits obsolètes le plus vite possible. Plus on garde de documents numériques, plus on risque de tout perdre. »

3- Face aux générations futures

Les graphistes sont souvent des enseignants. Dans les écoles d’art, mais aussi dans leur studio. Avec leurs élèves, leurs stagiaires, leurs assistants, leurs collaborateurs, et même parfois avec leurs commanditaires. De par leur métier, ils ont appris à transmettre des informations, expliquer des concepts, influencer des comportements. Mais ces enseignants ont une particularité : ils prônent une éthique autant qu’une pratique.

Dans les écoles d’art en France, on forme des gens courageux. Curieux aussi. J’ai rarement vu des graphistes aller à Pôle emploi dire qu’ils n’ont pas de boulot. Ils ont le courage de créer leur propre travail, et, face à l’adversité, s’il faut vivre avec peu, ils en prennent leur parti. (Michel Lepetitdidier)

La question principale, pour moi, c’est « qu’est-ce qu’on lègue à nos enfants ou aux jeunes avec qui on travaille? » Certains de mes assistants sont là depuis huit ans, c’est un miracle. Ils veulent faire du graphisme pour « gagner » leur vie. Je trouve ça magnifique. (Laurence Madrelle)

Je suis content quand je rencontre des jeunes qui ont la moitié de mon âge et qui sont tout aussi avertis que moi sur ce qui se passe dans le graphisme aujourd’hui. Ça me touche. J’apprends d’eux autant qu’ils apprennent de moi. (Philippe Apeloig)

Comment sauvegarder (et récompenser) les meilleurs exemples du graphisme en France?

Peu de graphistes rencontrent la reconnaissance et le succès qu'ils méritent. Michaël Amzalag et Mathias Augustyniak font en ce sens exception à la règle. Le talent et la reconnaissance internationale leur ayant donné accès à de prestigieux commanditaires.

Pour faire la promotion des graphistes français, il faudrait que le Président de la République ou le Ministre de la culture décernent chaque année des prix.  Pour que la presse en parle. Pour que le public s’y intéresse. Pour que le graphisme commence à exister sur la scène nationale. (Mathias Augustyniak)

La majorité des graphistes pensent que si leur pratique doit un jour être appréciée à sa juste valeur, ce sera grâce aux institutions qui en reconnaîtront l’utilité et qui investiront dans son développement et rayonnement.

La France est le seul pays dans le monde occidental qui n’a pas de grand programme de design ou de politique de graphisme institutionnel concertée. (Jean-Louis Fréchin)

Il faut de l’argent pour innover. Les problèmes « techniques » sont en réalité souvent des problèmes de pouvoir. Ce qui manque, ce sont des investisseurs de haut niveau. (Etienne Mineur)

En France, les dirigeants ne comprennent pas la différence entre la publicité, la communication, et le graphisme. Les graphistes reçoivent un enseignement supérieur, mais se retrouvent dans la vie face à des interlocuteurs ignorants de ce que qu’ils savent faire. (Dirk Behave)

Notre rôle est de faire comprendre à nos commanditaires que ce qu’on fait est un vrai travail de réflexion. (Pierre Delmas Bouly)

Les gens pensent que notre travail graphique n’a pas de valeur « économique » puisqu’il n’a pas de valeur marchande. (Manuel Warosz)

Une des responsabilités des graphistes n’est-elle pas d’incarner et de transmettre une tradition d’excellence?

« Tout a changé quand les créatifs au pouvoir dans les agences de publicité ont été remplacés par des financiers, » se souvient Rudi Meyer. Mais cette problématique n’est pas nouvelle, rappelle Philippe Apeloig. « Caravage se posait les mêmes questions que se posent les graphistes aujourd’hui, dit-il. Pour Caravage c’était la différence entre la vraie peinture et les images pieuses, pour nous c’est la différence entre l’art et la communication. »

Cette référence à la peinture est typiquement française. Nombreux sont les graphistes qui ont évoqué les plasticiens du passé comme principale source d’inspiration. Sans trop se l’avouer, ils aimeraient bien laisser une trace de leur travail comme l’on fait peintres, sculpteurs et photographes avant eux.

Travailler pour la postérité est une exigence vis à vis de moi et des autres. Je bénéficie encore aujourd’hui de cet apport des générations passées. C’est pour ça que je suis monté à Paris. Pour suivre l’exemple d’un Duchamp ou d’un Brassaï. (Loran Stosskopf)

En France, le modernisme a été le fait des peintres. Lautrec, Mucha, Savignac, et jusqu’aux années 80 avec Grapus. Ici, quand on veut écrire quelque chose, on prend un pot de peinture et on l’écrit ; quand on a besoin d’une image, on la dessine. Cette particularité française fait de ce pays un des lieux les plus intéressants pour le graphisme. (Dirk Behage)

Je ne voulais pas que mes élèves aux Art Déco mènent leurs projets comme des directeurs artistiques. J’insistais pour qu’ils apprennent à tout faire par eux-mêmes. Je voulais qu’ils soient vraiment les auteurs des travaux qu’ils présentaient, comme de vrais artistes. (Rudi Meyer)

Qui sont vos maîtres aujourd’hui parmi les graphistes qui ont travaillé ou qui travaillent encore en France?

Qui sont ces artistes, principalement français, présents ou passés, qui ont motivé les graphistes à choisir leur métier et dont les créations devraient être conservées pour la postérité?

Interrogés, les graphistes n’hésitent pas longtemps. Avec Cassandre, Savignac et Paul Colin, les Grapus et Excoffon viennent en tête. Pierre di Scuillo, Vincent Perrottet et Anette Lenz suivent de près sur cette même liste. Y figurent aussi Robert Massin et l’Agence Delpire.

Les graphistes les plus chevronnés citent des affichistes atypiques tels Jean Auvigné et Claude Baillargeon, ou le typographe Albert Hollenstein et le plasticien Claude Closky. Les plus jeunes mentionnent parmi leurs favoris la série des DeValence pour Saadane Afif, le travail du collectif La Bonne Merveille pour Lux, et les livres de Hey Ho pour les éditions Galaade.

«Chaque époque s’invente son tiercé de tête de l’histoire, se construit son patrimoine, élit ses pères, écrit Thierry Chancogne. Tous les graphistes espèrent travailler pour la postérité — et en même temps redoutent que cela ne soit pas le cas.»

Une production graphique, tout comme  une œuvre d’art, entre dans le temps dès qu’elle est vue. Elle acquiert sa pérennité dans le contexte de la rue, du carrefour, du marchand de journaux, de l’écran numérique, ou de la boite à lettres.  « La matière du Parthénon n’est pas seulement un certain type de marbre, disait Brandi, c’est aussi la lumière de l’Attique. » 


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Qui sont les 18 graphistes cités

Erik Adigard
Il est un des fondateurs du studio M.A.D. à San Francisco. Un designer multidisciplinaire, il se positionne à l’intersection des technologies, économies et cultures émergentes.

Philippe Apeloig
Il est un designer graphique et typographe qui travaille à Paris, essentiellement pour des institutions culturelles. Plusieurs de ses affiches font partie des collections du MoMA à New York.

Dirk Behage
Originaire des Pays-Bas, il a fondé l’Atelier Bekke/Behage à Paris avec Evelyn ter Bekke. Ils interviennent sur l’ensemble du champ de la communication dite « d’utilité publique ».

Pierre Bernard
Il est un des fondateurs du collectif Grapus. Autour de lui s’est formé l’Atelier de Création Graphique qui répond aux commandes dans les domaines de l’édition, de l’affiche, de la signalétique, et des systèmes visuels d’identité.

Marie Bruneau
Elle a crée l’atelier Presse Papier à Bordeaux dont les travaux comprennent l’édition, les expositions, et l’identité graphique. Elle est l’auteur, avec Bertrand Genier, de Travaux en cours, publié par Pyramyd. 

Thierry Chancogne
Il est enseignant à ESAAB (Ecole supérieure d’arts appliqués de Bourgogne) et créateur du blog « 2 ou 3 choses que je sais d’elle… »

Pierre Delmas Bouly
Il est le fondateur, avec Patrick Lallemand, de Superscript 2, un studio de création graphique à Lyon spécialisé dans l’édition, la typographie et les medias numériques. Il est aussi un des rédacteurs de la revue Ink.

Jean-Louis Frechin
Fondateur du studio de création NoDesign, il se définit comme un designer numérique. Il enseigne à l’ENSCI (Ecole nationale supérieure de création industrielle).

Karin van der Heiden
Historienne d’art spécialisée dans l’archivage des documents numériques, elle conseille les musées et institutions culturelles principalement dans les Pays-Bas.

Peter Knapp
Originaire de Suisse, il a été graphiste, directeur artistique, photographe, cinéaste et plasticien. Depuis plus de 50 ans, il vit en France et contribue au rayonnement du graphisme dans l’Hexagone. 

Patrick Lallemand
Il est le fondateur, avec Pierre Delmas Bouly, de Superscript 2, un studio de création graphique à Lyon spécialisé dans l’édition, la typographie et les medias numériques. Il est aussi un des rédacteurs de la revue Ink.

Michel Lepetitdidier
Graphiste, il travaille avec les institutions culturelles de la région autour de Vaison-la-Romaine où il réside.

Laurence Madrelle
Elle a crée l’agence LM Communiquer à Paris. Elle travaille principalement en collaboration avec des architectes sur des problèmes de signalétique et d’identité graphique pour des projets d’urbanisme.

Rudi Meyer
Originaire de Suisse, il a enseigné, de 1967 à 2004, à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs à Paris où il a amené toute une génération de graphistes à réfléchir à la notion d’espace et de recherche typographique.

Etienne Mineur
Créateur du blog « Archives », il est aussi le cofondateur et directeur artistique de l’atelier de création « Incandescence ». Avec Bertrand Duplat, il vient de mettre en ligne un nouveau site, « éditions volumiques ».

Loran Stosskopf
Il est un graphiste indépendant qui travaille entre Londres et Paris. Il est le designer de la série des Wallpaper City Guides, publié par Phaidon.

Mathias Schweizer
Originaire de Suisse, il travaille à Paris et crée des affiches, sites et identités graphiques pour des institutions culturelles atypiques.

Manuel Warosz
Associé avec Antoine Audiau, il est cofondateur du studio de création Antoine+Manuel à Paris. En 2009, une grande rétrospective de leur travail a été présentée aux musée des Arts Décoratifs rue de Rivoli.

ET MERCI… à Michael Amzalag, Mathias Augustyniak, Antoine Audiau, Laurence Arcadias, Evelyn Ter Bekke, Max Bruinsma, Pierre-Yves Cachard, Alex Jourdan, Isabelle Moisy, Brigitte Monnier et Pierre di Scuillo, pour leurs réponses impromptues. 

 

 


1/12 - Graphisme en France, A l'épreuve du temps, publié par le CNAP, 2010

1/12 - Graphisme en France, "A l'épreuve du temps", publié par le CNAP, 2010

2/12 - Antoine+Manuel, invitation pour la Comédie de Clermont, saison 2010-2011

2/12 - Antoine+Manuel, invitation pour la Comédie de Clermont, saison 2010-2011

3/12 - Philippe Apeloig, affiche commandée par l'AGI, Frida and Diego, 2008

3/12 - Philippe Apeloig, affiche commandée par l'AGI, Frida and Diego, 2008

4/12 - Dirk Behage et Evelyn ter Bekke, pour le Théâtre de la Colline, 2010

4/12 - Dirk Behage et Evelyn ter Bekke, pour le Théâtre de la Colline, 2010

5/12 - Pierre Bernard, logo des Parcs nationaux, 1991

5/12 - Pierre Bernard, logo des Parcs nationaux, 1991

6/12 - Marie Bruneau de Presse Papier, publication Accueillir, 2001

6/12 - Marie Bruneau de Presse Papier, publication "Accueillir", 2001

7/12 - Rudi Meyer pour la SNCF, carte du réseau ferroviaire en France, 1976

7/12 - Rudi Meyer pour la SNCF, carte du réseau ferroviaire en France, 1976

8/12 - Patrick Lallemand et Pierre Delmas Bouly de Superscript2, pour le CNAP, 2008

8/12 - Patrick Lallemand et Pierre Delmas Bouly de Superscript2, pour le CNAP, 2008

9/12 - Michael Amzalag & Mathias Augustyniak (M/M Paris) pour Balenciaga,  2001

9/12 - Michael Amzalag & Mathias Augustyniak (M/M Paris) pour Balenciaga, 2001

10/12 - Peter Knapp pour le magazine ELLE, 1965

10/12 - Peter Knapp pour le magazine ELLE, 1965

11/12 - Etienne Mineur pour Editions Volumiques, Jeu Pirates, 2010

11/12 - Etienne Mineur pour Editions Volumiques, Jeu "Pirates", 2010

12/12 - Jean-Louis Fréchin, Wasnake, objet bavard, 2009

12/12 - Jean-Louis Fréchin, "Wasnake, objet bavard", 2009